• Anima - Wajdi Mouawad

    Anima - Wajdi Mouawad

     Anima - Wajdi Mouawad
    Actes Sud

    394 pages
    23,00€ (Broché)

     

     Résumé:

    Lorsqu’il découvre le meurtre de sa femme, Wahhch Debch est tétanisé : il doit à tout prix savoir qui a fait ça, et qui donc si ce n’est pas lui ? Éperonné par sa douleur, il se lance dans une irrémissible chasse à l’homme en suivant l’odeur sacrée, millénaire et animale du sang versé. Seul et abandonné par l’espérance, il s’embarque dans une furieuse odyssée à travers l’Amérique, territoire de toutes les violences et de toutes les beautés. Les mémoires infernales qui sommeillent en lui, ensevelies dans les replis de son enfance, se réveillent du nord au sud, au contact de l’humanité des uns et de la bestialité des autres. Pour lever le voile sur le mensonge de ses origines, Wahhch devra-t-il lâcher le chien de sa colère et faire le sacrifice de son âme ? 


    Mon avis:

    Cet ouvrage est un livre coup de poing. Il est difficile d'en parler tellement il vous prend aux tripes, les retourne et ne les lâche pas avant que vous ayez fini la dernière page, vous laissant alors sonné et désemparé. 

    On y suit Wahhch Debch, qui, un jour, en rentrant chez lui, retrouve sa femme morte, un couteau dans le sexe, éventrée (tuant ainsi l'enfant qu'elle portait) puis violée dans la plaie
    Le ton est posé. Âmes sensibles s'abstenir, ce livre n'est pas fait pour vous. Scène macabre de viol, cruauté, sexualité animale, scène de torture, rien ne nous est épargné à travers l'écriture puissante de Wajdi Mouawad.

    Comme pour éviter le gouffre de la douleur et de la solitude, le héros, se lance alors à la poursuite du meurtrier dans le seul et unique but de voir son visage. Commence ainsi un long périple qui va le mener au coeur de l'Amérique mais aussi, et surtout, de ses origines puisque le meurtre de sa femme n'est que le premier tiroir qu'ouvre le héros et qui va le pousser à en ouvrir d'autres. On retrouve ainsi les thèmes cher à l'auteur, déjà présent dans Incendies: la quête d'identité liée à l'histoire du pays dont il est originaire: le Liban

    Bien que la première partie du roman soit assez molle et se traîne un peu trop en longueur à mon goût, toute la force du roman est dans sa narration originale, du point de vue des animaux se trouvant aux alentours du personnage de Wahhch. En découvrant l'histoire sous leur angle, ce sont les humains qui deviennent des bêtes aux comportements incompréhensibles. Cependant, l'instinct animal et la violence bestiale sont omniprésents, comme pour faire écho à la violence des évènements qui nous sont contés.

    La seconde moitié du livre, quant à elle, monte peu à peu en en intensité Nous y découvrons le personnage de Wahhch plus en profondeur et entamons avec lui la quête de son passé et de son identité qui nous mèneront au plus profond de l'horreur.

    Encore une fois, Wajdi Mouawad nous sert une histoire sombre et torturée, souvent à la limite de l'humain et du soutenable, mais toujours aussi fascinante par la capacité qu'ont ses personnages à continuer d'avancer, même au coeur de l'horreur. 
    J'ai aussi retrouvé ce que j'aimais tant dans la plume de l'auteur: Ce style qui peut se montrer aussi cru que poétique et qui confère à son écriture toute sa puissance.


    Plaisir de lecture:  7/10 (mention "impossible de dormir ni de te concentrer sur quoi que ce soit d'autre après la lecture")


    Extraits:

    « Si la vie est un perpétuel cri de douleur, comment faire pour entendre son écho et échographier le visage de ce qui nous fait souffrir?
    - Si le cri est perpétuel, plus rien n'est visible.
    - Bingo! Chaque cri doit être suivi par un silence pour faire entendre son écho. Celui qui ne fait que hurler sa douleur n'en verra jamais le visage tout autant que celui qui s'obstine à la taire.

    C'est la leçon des chauve-souris: pour voir le visage de ce qui te fait souffrir, tu dois faire de ta douleur un collier qui enchaîne des perles de silences aux perles de tes cris »

    « L'aimer, c'était l'aimer plus. Lui dire son amour était impossible puisqu'à l'instant ou il voulait lui dire Je t'aime, déjà il l'aimait davantage et il lui aurait fallu le lui redire et le lui répéter pour être a la hauteur de cette enivrante addition. Ce n'était pas que les mots n'étaient pas assez grands, ils n'étaient tout simplement pas assez rapides »

    « Ils ont parlé, ils ont échangé, ils ont partagé. Conjugaison des sentiments, finesse des voix, douceur des timbres, vibration des cœurs et circulation des mots: enchantement, grâce, douleur et art »

    « Il y a des êtres qui nous touchent plus que d'autres, sans doute parce que, sans que nous le sachions nous même, ils portent en eux une partie de ce qui nous manque »

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